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USA: la violence grandissante chez les filles préoccupe les autorités
Presse Canadienne | Le 17 mai 2004 - 12:35
Les statistiques sont formelles : on enregistre de plus en plus de violences chez les jeunes Américaines, un état de fait sur lequel s’interrogent les autorités. Un fait divers cette année, par son caractère extrême, a mis en lumière ce phénomène. Nicole Townes, une adolescente de 12 ans, est finalement sortie du coma mais elle se remet difficilement du passage à tabac qui a failli lui coûte la vie. Motif : elle s’était laissé embrasser sur la joue par le petit ami supposé de son hôte qui fêtait son anniversaire.
Circonstance aggravante, la mère de “l’offensée” a semble-t-il incité sa fille à laver l’affront. Nicole a été battue, rouée de coups, frappée et griffée par six adolescentes et jeunes femmes jusqu’à ce qu’elle reste sur le carreau, sans connaissance. Au sortir de trois semaines de coma, sa famille craint qu’elle ne garde des séquelles au cerveau… Le 29 avril, deux adolescentes de 13 et 14 ans ont plaidé coupable d’agression et coups et blessures, le juge pour enfants renonçant en échange à les poursuivre pour tentative de meurtre. Sont aussi poursuivies deux autres adolescentes de 13 ans et 15 ans, ainsi que trois femmes dont la mère qui organisait la fête et qui est âgée de 36 ans.
“J’ai vu des gens battus à mort mais pas un enfant et pas sans raison apparente”, constatait un enquêteur, Donny Moses, quelques jours après cet événement survenu à la fin février dans la région de Baltimore. “C’est une histoire atroce”. Pour Rosetta Stith, qui dirige l’école des mères adolescentes de Baltimore, l’agression de la petite Nicole illustre aussi à quel point certains parents sont aussi immatures que leurs enfants.
Le fait divers, au-delà de son caractère extrême, n’étonne qu’à moitié dans la justice et la police. Les autorités affirment qu’il s’agit d’une tendance lourde: les adolescentes recourent de plus en plus à la violence avec une intensité de plus en plus terrifiante. “On voit des filles commettre des actes violents qu’on attribuait autrefois aux garçons”, constate Jansen Robinson, ancien chef de la police scolaire de Baltimore. “Il s’agit souvent de coups cruels qui visent à blesser l’adversaire. C’est un phénomène sur l’ensemble du territoire américain et ça nous prend par surprise.”
Partout aux États-Unis, les polices scolaires et les enseignants observent de plus en plus de filles qui règlent leurs différends à coups de poing. Certes, les bagarres entre garçons sont quatre fois plus fréquentes que celles entre filles, mais le ratio était de dix pour un il y a une génération, selon les statistiques du ministère de la Justice. La tendance semble se confirmer dans les données des établissements scolaires sur les suspensions et les expulsions des écoliers pour cause de bagarre. Selon les experts, l’augmentation de la violence chez les filles pourrait être le reflet d’une société plus violente en général, où les incivilités deviennent monnaie courante.
Mais cette cruauté pourrait aussi être liée à la violence omniprésente au cinéma, à la télévision et dans les jeux vidéo. Pour ne prendre qu’un seul exemple, dans un film comme “Tomb Raider”, Lara Croft, l’héroïne aux formes on ne peut plus féminines, incarne néanmoins une violence que la psychanalyse qualifierait de phallique. Elle est l’égale des héros masculins des films d’action, un personnage “positif” auquel les jeunes filles peuvent avoir envie de s’identifier.
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