Biographie
La genèse
L’histoire débute en septembre 1985 au sein de la Berklee Shool of Music, célèbre école de musique américaine. John Petrucci, John Myung et Mike Portnoy, contrastant avec le reste des étudiants par leur chevelure et leur goût prononcé pour le heavy metal, décident de travailler ensemble.
Les trois teenagers recrutent Kevin Moore en décembre de la même année, une vieille connaissance des deux John, et élève de la Fredonia School of Music.
Chris Collins est alors choisi pour assurer le chant et le groupe enregistre leur première demo 6 titres, tirée à 1000 exemplaires, sous le nom de Majesty.
Majesty deviendra le premier groupe signé d’un jeune label, Mechanic Records, avec une musique déjà complexe et progressive, comparée à l’époque aux premières réalisations de Rush.
Dream Theater - le rêve en marche
C’est durant cette période que Dream Theater apparaît. En effet, un groupe de jazz portant déjà le nom de Majesty, le père de Mike Portnoy souffle cette suggestion à l’oreille de son fils, en référence à un cinema de Californie.
Cependant, malgré des débuts prometteurs, une fin anticipée des études, et un changement de nom, Chris Collins est évincé en novembre 1986.
L’ère Dominici
Dream Theater devra attendre octobre 1987 pour rencontrer Charlie Dominici, plus agé que le reste du groupe. Le premier album ne tardera pas à voir le jour. When Dream And Day Unite, enregisté en Pennsylvanie, reçoit des éloges de la presse partout dans le monde. Cependant, par manque de moyens, le groupe et la maison de disques ne pourront le soutenir promotionnellement, comme il se doit.
The Miracle and The Sleeper
Les 4 musiciens, conscients des capacités limitées de leur chanteur, décident de le remercier en 1990, puis de le rappeler pour donner un dernier concert, en première partie de Marillion, ces derniers tenant absolument à ce que Dream Theater ouvre pour eux. C’est durant ce concert que Metropolis sera entendue en public pour la première fois.
Pendant les deux années suivantes, les 4 instrumentistes écument les clubs de leur région, sans chanteur, jouant cependant en version instrumentale, des titres de ce qui deviendra Images And Words. Proches de se décider à suivre une voie purement instrumentale, Dream Theater continue les auditions, auxquelles ont participées John Arch (Fates Warning), retournant sa veste au dernier moment, Steve Stone, et Chris Cintron. C’est ce dernier qui aurait dû faire partie de Dream Theater, si Kevin James LaBrie n’était apparu d’un pays à peine connu des Américains, le Canada.
En effet, à quelques jour de l’annonce officielle de l’enrôlement de Chris Cintron, Kevin LaBrie auditionne et fait immédiatement l’unanimité. JAMES LaBrie était né, soucieux d’éviter le double-double patronyme dans un seul et même groupe (deux John - deux Kevin).
Images and Words est par la suite enregistré au Bear Tracks Studios, dont le propriétaire n’est autre que Spyro Gyra, qui a assuré les parties sax sur Another Day, et produit par David Prater. Dream Theater est alors signé chez Atco/East West Records. Cet album, sorti en juillet 1992, est aujourd’hui considéré comme le meilleur album de metal progressif jamais réalisé.
Le premier concert de l’ère LaBrie a lieu le 08/06/1992 à New York en ouverture d’Iron Maiden. Les premiers fans du groupe sont évidemment aux anges avec ce changement de line-up. Dream Theater signe chez Roundtable Entertainment, après la sortie de l’album, leur permettant d’envisager une tournée mondiale. Images and Words devient disque d’or au Japon et se vend à plus de 350 000 exemplaires aux USA…
La tournée Music In Progress s’étend du 27/09/92 au 28/11/93, soit plus de 200 concerts avec leur première date en France le 13 avril 93 à La Locomotive à Paris. C’est au cours de cette tournée qu’est enrigistré le Live At The Marquee, le 23 avril 1993. Music In Progress permettra également à Dream Theater de sortir sa première vidéo, Live In Tokyo, sur laquelle figure une grande partie du concert donné dans la ville niponne du même nom, le 26/8/1993. Dream Theater a définitivement gagné ses lettres de noblesse, John Petrucci est désigné meilleur guitariste de l’année par le magazine américain Guitar Player, et Mike Portnoy, meilleur batteur de rock.
Awake - premier tournant du groupe
Dream Theater se doit maintenant de confirmer les espoirs placés en lui. Awake, le premier album en tant que groupe au complet est enregistré durant le printemps 1994 à Los Angeles et est produit par Duane Barron et John Purdell. Des dires de James LaBrie, l’enregistrement se fait dans un climat spécial, avec un Kevin Moore de plus en plus absent et laissant deviner sa volonté de quitter le groupe. Certains diront que c’est une des raisons pour laquelle Awake sonne aussi “sombre”.
Awake sort le 04/10/94, et reçoit un accueil mitigé. Il est vrai que Dream Theater a préféré laisser de côté le style qui a fait la réussite de Images and Words. Pour preuve, la plupart des anciens morceaux ne figurant pas sur I & W n’ont pas été retenus pour Awake, excepté pour Puppies on Acid renommé The Mirror: To Live Forever est seulement présente sur le cd single de Lie, Eve sur celui de Silent Man.
C’est en fait au beau milieu de l’enregistrement que Kevin annonce sa décision aux autres membres. Raisons invoquées: essentiellement des inspirations et des envies d’orientations musicales différentes. La nouvelle devient officielle le 22/08/1994.
Voici la traduction officieuse de son commentaire officiel:
" Musicalement, je pense que mon approche de la composition a beaucoup volué durant les dernières années. Nous arrivons à un stade où mes idées diffèrent tellement avec celles du reste du groupe, que nous avions du mal a les rassembler et les faire coincider. Dans le même temps, j’appréciais de plus en plus contrôler la totalité de l’élaboration et de l’éxecution de ma propre musique, de l’écriture jusqu’à l’enregisrement. Finalement, cela est devenu plus important que tout à mes yeux. J’ai donc pris conscience que je devais me concentrer sur ma propre identité musicale, et qu’une séparation avec le groupe devait être la meilleure alternatives pour Dream Theater et moi.
Je pense sincérement que Dream Theater a encore énormément de choses à offrir au monde de la musique et j’ai un profond respect pour chacun de ses membres que ce soit en tant qu’Homme ou en tant que musicien. Je leur souhaite la plus grande réussite."
Le groupe doit donc trouver un claviériste à la hauteur d’un Kevin Moore exceptionnel jusqu’alors, d’autant que la tournée promotionnelle d’Awake est déjà définie. Dream Theater engage alors Jordan Rudess (à l’époque jouant avec les Dixie Dregs) pour assurer un concert au Concrete Foundations Forum de Los Angeles le 9 septembre 94, leur choix définitif se portant sur Derek Sherinian, lui aussi ancien assidu de Berklee. Ce dernier sera intronisé membre officiel à la fin de la tournée Waking Up The World s’étalant du 09/09/94 au 03/08/1995.
Entre temps, Awake se hisse à la 32ème place du classement des meilleures vente de disques aux Etats-Unis, avec des apparitions fréquentes sur MTV et sur les diverses radios, et devient disque de platine au Japon.
Dream Theater profite d’un concert de “transition”, composé de reprises exécutées dans un petit club de Londres, le Ronnie Scott’s, entre la fin de la tournée japonnaise et le début de la tournée européenne, pour enregistrer ce qui sera le complément du mini-LP A Change Of Seasons. Ce morceau épique et poétique, quasiment autobiographique, constitue alors la réalisation la plus longue du groupe, et très certainement l’une des plus impressionnantes. Dream Theater satisfait une fois de plus ses fans, soucieux d’entendre enfin une version studio. C’est chose faite en mai 95, lorsque le combo de Long Island retrouve David Prater, déjà présent pour Images and Words. A Change Of Seasons sort le 19/09/1995.
Falling Into Infinity - lorsque tout faillit basculer
Toujours assoiffé de travail, Dream Theater envisage son nouvel album et entame une série de 5 concerts du 04/12 au 14/12/96 aux Etats Unis, ainsi qu’une mini tournée de 8 concerts en Europe en avril 1997, ces prestations complètent les clinics de Mike Portnoy et John Petrucci, durant lesquelles les nouveaux morceaux ont pu être présentés.
C’est toutefois dans un climat spécial et difficile que se profile l’album. En effet une série de décès vient perturber la vie du groupe, on citera avec immensément de respect, la grand-mère de Mike Portnoy, le père de John Petrucci ainsi que les parents de sa compagne, et Kevin Gilbert, producteur au départ choisi pour le nouvel album. De plus, les changements de personnel chez Eastwest plombe la communication entre le groupe et leur label, Dream Theater disposant cette fois de beaucoup moins d’autonomie dans l’écriture.
Le groupe se retrouve cependant de mai à juillet 1997 à New-York pour enregistrer Falling Into Infinity produit finalement par Kevin Shirley. L’album sort le 23 septembre 1997, suivi une fois de plus d’une tournée mondiale intensive et gigantesque Touring Into Infinity s’étalant du 11/09/1997 au 26/09/1997.
Entre temps, le groupe enregistre un double album live au Bataclan de Paris le 25 juin 1998 au prix d’un concert surhumain de plus de 3 heures. Once in a Livetime est une fois de plus produit par Kevin Shirley. La tournée sera également l’occasion de sortir la deuxième vidéo officielle du groupe: 5 Years In a LIVEtime.
Toutefois, on sent que le groupe s’ennuie, les projets parallèles temporaires ou non, se multiplient, sortant chez des labels peut être moins puissants mais laissant beaucoup plus de liberté à leurs groupes. Citons Explorer’s Club (Petrucci, LaBrie, Sherinian), Platypus (Myung, Sherinian), Planet X (Sherinian), et surtout Liquid Tension Experiment réunissant Petrucci, Portnoy, Levin (King Crimson, Peter Gabriel) et… Jordan Rudess (Rudess Morgenstein). Ces quatre derniers écrivent et enregistrent le fabuleux 1er volet de Liquid Tension Experiment en 5 jours du 20 au 25/09/98.
John Petrucci et Mike Portnoy retrouvent par la même occasion la spontanéité perdue des premiers albums, et l’entente est parfaite et complémentaire avec Jordan Rudess.
Dream Theater, proche de la rupture des aveux même de Mike Portnoy, décide de tout remettre à plat, en discutant avec leurs managers, et en remplaçant Derek Sherinian par Jordan Rudess, officiellement intronisé le 18/01/99.
Voici, à ce sujet, la traduction officieuse du commentaire officiel de Mike Portnoy à ce sujet:
" Après nos expériences avec Jordan au sein de LTE, nous nous sommes rendus compte que son jeu, son travail de composition, et sa personnalité étaient plus représentatifs de ce que nous voulions faire avec Dream Theater et l’arrivée du 21ème siècle."
The Dance Of Eternity
Dès lors, l’annonce de l’écriture du nouvel album entraîne un engouement sans précédent. Surtout depuis que Mike Portnoy a annoncé que la suite de Metropolis Part1 était en cours d’écriture. Au final, et malgré quelques fuites, c’est une surprise quasi-générale, Metropolis Part2 ne sera pas un titre particulier mais l’un des meilleurs concept-albums jamais réalisés. Il propose non seulement des compositions ultra-sophistiquées mais aussi une histoire, et des paroles très élaborées. Metropolis Part2: Scenes From a Memory est unanimement plebiscité, Dream Theater appartient dès lors, aux yeux des spécialistes, à la Hall of Fame des groupes de ce siècle.
Le groupe est incontestablement relancé. La tournée qui suit est un immense succès, débutant par une pré-tournée, avant d’enchaîner sur le Metropolis 2000 Tour du 31/01/99 au 21/10/2000, durant lequel Dream Theater interprétera le nouveau concept album dans son entier.
La tournée se termine par un concert marathon à New York de 3h30, duquel sera tiré un triple album live, ainsi que le premier DVD du groupe, qui atteint rapidement la première place des ventes de ce type de media sur Internet.
A noter que la sortie du triple live a été accompagnée d’un énorme concours de circonstance. L’album, prévu le 11/09/01, avait déjà quelques heures de retard, lorsque survinrent les évènements sur le World Trade Center. Il a alors été décidé de rappeler tous les exemplaires, dont quelques uns étaient déjà dans les bacs. En effet, la pochette montrait, à l’origine une pomme en flammes (rapport à New York, Big Apple, et clin d’oeil direct à l’artwork réalisé pour Images and Words et Live At The Marquee) sur laquelle se profilait la silhouette du World Trade Center. Le triple Live Scenes From New York devait finalement de nouveau être disponible le 23/10/01.
Malgré ce succès, les projets parallèles ne fatiguent pas, et même fleurissent: Mullmuzzler 1&2 (James LaBrie), Liquid Tension Experiment (John Petrucci, Jordan Rudess, Mike Portnoy), Transatlantic (deux albums et un live, Mike Portnoy), Platypus, Gordian Knot, The Jelly Jam (John Myung), An Evening With John Petrucci & Jordan Rudess (Jordan Rudess et John Petrucci), Rudess Morgenstein Project et Feeding The Wheel (Jordan Rudess), Leonardo - The Absolute Man (James LaBrie).
A l’écoute de la qualité de ces projets, on comprend pourquoi le nouvel album de Dream Theater est attendu avec autant d’engouement. D’autant plus que la mort de Liquid Tension Experiment fait dire à Mike Portnoy que son influence ce retrouvera dans le 6ème opus.
2002 - Misunderstood?
L’album s’enregistre, comme en a pris l’habitude Dream Theater ces dernières années, dans le plus grand secret. On sait simplement avant sa sortie qu’il s’agit d’un double CD contenant un titre de plus de 40mins.
Six Degrees Of Inner Turbulence se veut en fait très différent de ce qui a été fait jusqu’à maintenant, beaucoup plus sombre ou agressif sur certains morceaux. Il est enregistré au Bear Tracks et mixé par Kevin Shirley. Il sort le 22/01/02 en Europe. Bien qu’il risque de dérouter les fans, surtout ceux restés sur la lancée de Scenes From a Memory, il reste un très bon album de Dream Theater, dans lequel un nombre impressionant d’influences peut-être remarquées (Pantera, Beatles, Spock’s Beard, Neo-Metal (!!!), Yes, Classique, Jeux Vidéos).
La tournée commence par un concert de “chauffe” à New York avant même la sortie de l’album, avant d’enchaîner le première partie de World Turbulence avec un premier concert à Manchester le 25/01/02.
Après cet album, il apparaît incontestable que Dream Theater est un groupe à part, intouchable, et inaccessible, reste à savoir si cette reconnaissance sera partagée par l’ensemble des contemporains des dieux du progressif.